Le régime cétogène est-il efficace pour perdre du poids ?

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Depuis quelques années, une théorie émerge selon laquelle les glucides (en particulier à IG haut) entraînent une élévation de l’insuline qui favorise la prise de masse grasse. A l’inverse donc, se priver de glucides permettrait de perdre plus facilement de la masse grasse. C’est cette théorie que cette nouvelle étude met à l’épreuve.

La théorie des pics d’insuline et du régime cétogène…

Depuis quelques années, on voit apparaître dans certains ouvrages et sur certains blogs, une théorie selon laquelle les pics d’insuline engendrés par la consommation de glucides, favoriseraient la mise en réserve de cet apport énergétique, sous forme de tissu adipeux. Ainsi, l’absorption régulière de glucides bloquerait la mobilisation des réserves de masse grasse, et par conséquent empêcherait la perte de poids.

La solution proposée par les tenants de cette théorie consiste donc à substituer les glucides par des lipides, afin de limiter la production d’insuline et d’obtenir une plus grande participation des réserves adipeuses à la fourniture d’énergie. Ce qui devrait se traduire concrètement par une perte de poids.

Cette approche est connue sous le nom de “régime cétogène”, puisqu’en l’absence de glucides, les acides gras mobilisés sont convertis en corps cétoniques pour servir de substrats énergétiques.

…face à la théorie classique

Face à cette théorie audacieuse, la vision classique considère que le contrôle du total calorique ingéré est le déterminant majeur de la perte de poids, quelle que soit l’origine des apports. Par conséquent, la substitution à apport calorique égal des glucides par les lipides ne devrait conférer aucun avantage, puisque selon l’adage conventionnel :

Une calorie est une calorie.

Une nouvelle étude d’un intérêt particulier

Pour tenter d’établir l’éventuelle réalité d’un avantage métabolique apporté par le régime cétogène, une étude parue en juillet 2016 dans l’American Journal of Clinical Nutrition a suivi 17 patients en surpoids ou obèses sur une durée de 8 semaines1.

L’utilisation d’unités de soins métaboliques (metabolic ward)

L’intérêt particulier de cette nouvelle publication réside dans le fait que les patients ont été admis en unité de soins métaboliques (ou metabolic ward) pendant toute la durée de l’étude.

Une unité de soins métaboliques est un établissement hospitalier ou un laboratoire de recherche dans lequel tous les repas sont fournis, sans contact avec le monde extérieur, afin de garantir un contrôle précis des apports caloriques.

Dans le cas présent, chaque patient a de plus passé 4 jours dans une chambre calorimétrique, c’est-à-dire une pièce fermée qui permet de mesurer les entrées et les sorties d’énergie. Ainsi, cette étude a permis d’estimer avec précision :

  • La dépense énergétique des sujets en période de veille et de sommeil  ;
  • Le quotient respiratoire (qui donne une indication sur la nature des substrats énergétiques utilisés par l’organisme) ;
  • L’évolution de la composition corporelle (par absorption bi-photonique à rayons X).

 

Les résultats

Une fois le décor posé, intéressons-nous au déroulement de l’étude : pendant les 4 premières semaines, les patients ont suivi un régime riche en glucides, calculé pour apporter 300 Calories de moins que leur niveau de maintenance. Ils ont ensuite basculé sur un régime cétogène pour les 4 semaines suivantes, avec le même équilibre calorique et la même quantité de protéines.

Les différentes mesures effectuées ont permis de mettre en évidence les résultats suivants :

  1. Les sujets ont perdu du poids et du tissu adipeux pendant les deux phases de l’intervention.
  2. Le régime cétogène a permis une augmentation de la dépense énergétique d’environ 60 Calories par jour, relativement au régime classique.
  3. Le quotient respiratoire a indiqué un déplacement de l’utilisation des substrats énergétiques vers les corps cétoniques.
  4. La perte de tissu adipeux a diminué pendant le régime cétogène, au profit d’une utilisation accrue des protéines et d’une diminution de la masse maigre.
Ainsi que le concluent les auteurs, on constate donc que le régime cétogène a permis une augmentation marginale de la dépense énergétique, qui ne s’est cependant pas accompagnée d’une utilisation accrue du tissu adipeux, contrairement à l’hypothèse de départ. Il semble même que l’organisme des patients ait réagi par une majoration du catabolisme protéique, en vue peut-être de répondre par le biais de la néoglucogenèse au besoin en glucose de certaines cellules (hématies).

Une autre interprétation possible de cette expérience est que la sécrétion d’insuline déclenchée par l’ingestion de glucides, n’est probablement pas un facteur de stockage adipeux à long terme, en l’absence de surplus calorique.

Certaines limitations

Comme toutes les études, celle-ci souffre de certaines limitations : durée limitée, taille restreinte de l’échantillon, absence de design en cross-over qui aurait permis de prendre en compte un effet d’ordre, absence de randomisation en double-aveugle (bien qu’il s’agisse d’une condition pratiquement impossible à remplir dans ce genre d’étude).

Ce résultat vient toutefois corroborer celui d’une étude publiée en 2006, qui avait également échoué à mettre en évidence un quelconque avantage métabolique du régime cétogène2. Lors de cette précédente expérimentation, 20 patients avaient été suivis pendant 6 semaines à l’issue desquelles la perte de poids et de masse grasse avait été identique pour le régime cétogène et l’approche conventionnelle.

À l’issue de cette analyse, il apparaît que le recours au régime cétogène dans un objectif de perte de poids reste une affaire de choix personnel.

Dans la vie réelle (c’est-à-dire en dehors du laboratoire de recherche), il semble que ce type de régime entraîne une modération de l’appétit. On obtient donc une réduction de l’apport calorique, qui se traduit à terme par une diminution du nombre de kilos indiqué sur la balance.

Cependant, il est possible que cet effet résulte en partie d’une dégradation de la masse maigre, en raison d’un catabolisme protéique supérieur à celui observé avec un régime classique…

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On n’écrit pas nos articles dans le but de vous vendre des produits, mais tellement de lecteurs passent à côté qu’on a décidé de les mettre davantage en avant, pour ceux que ça intéresse. Et puis, on ne peut quand même pas nous reprocher de proposer des produits au top ! 😉

Références

  1. Hall et al. Energy expenditure and body composition changes after an isocaloric ketogenic diet in overweight and obese men. Am J Clin Nutr. 2016 Jul 6. pii: ajcn133561
  2. Johnston et al. Ketogenic low-carbohydrate diets have no metabolic advantage over nonketogenic low-carbohydrate diets. Am J Clin Nutr. 2006 May;83(5):1055-61.

Laurent Buhler

[email protected]

Laurent est notre diététicien-nutritionniste attitré. En plus de poursuivre un travail de recherche permanent, sa grande force et particularité résident dans le fait qu'il est détenteur d'un DU de Lecture d'Essais Cliniques : autrement dit, son job, c'est justement de déchiffrer ce que les études racontent vraiment !Nous nous appuyons donc logiquement sur son expertise dans une démarche d'intégrité et de rigueur scientifique.



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