
La biotine, ou vitamine B8, est une vitamine hydrosoluble, parfois encore appelée vitamine H, ou encore vitamine B7 dans les pays anglo-saxons !
Elle est synthĂ©tisĂ©e par le corps en grande partie, mais un apport par lâalimentation est nĂ©cessaire pour couvrir les besoins, car elle nâest stockĂ©e quâen petite quantitĂ© et excrĂ©tĂ©e dans les urines.
–
A quoi ça sert ?
La vitamine B8 joue un rĂŽle clĂ© dans le mĂ©tabolisme des graisses, des glucides et des acides aminĂ©s, et participe donc activement Ă la production dâĂ©nergie.
Elle favorise Ă©galement la synthĂšse et lâutilisation des vitamines B9 et B12. Elle joue notamment un rĂŽle dans le cycle de Krebs (processus qui produit de l’Ă©nergie lors de la respiration), est utilisĂ©e pour maintenir la glycĂ©mie, et possĂšde un rĂŽle clĂ© dans divers processus mĂ©taboliques.
En ce sens, et comme toutes les vitamines, elle est indispensable Ă la vie, et est d’ailleurs prĂ©sente dans tous les organismes vivants.

Son rÎle en tant que complément beauté

La biotine est beaucoup utilisée dans des compléments alimentaires pour la peau, les cheveux et les ongles, bien que les preuves scientifiques tangibles manquent encore à ce sujet.
Il est vrai cependant qu’une carence en biotine a des effets visibles Ă ce niveau-lĂ :
- Sur la peau, une carence provoque des complications cutanées, principalement visibles sous forme de dermatite ;
- Concernant les cheveux, une carence peut Ă©galement ĂȘtre responsable de leur chute.
Dans ces deux cas, une supplĂ©mentation en biotine semble ĂȘtre capable de restaurer les effets liĂ©s Ă cette carence (moins de lĂ©sions cutanĂ©es, et arrĂȘt de la chute de cheveux). En revanche, il nây a pas de raison quâune complĂ©mentation en biotine permette de stopper la chute des cheveux lorsque la cause de celle-ci est tierce (alopecie androgĂ©nĂ©tique par exemple).
Concernant les ongles, Ă date, une seule Ă©tude portant sur des ongles cassants a montrĂ© une amĂ©lioration de l’Ă©paisseur des ongles suite Ă une supplĂ©mentation en biotine. Cette supplĂ©mentation portait sur une dose de 2,5 mg pris une fois par jour pendant six mois. Cette dose semble relativement sĂ»re, bien qu’elle soit beaucoup plus Ă©levĂ©e que la dose journaliĂšre recommandĂ©e de biotine qui va de 25 Ă 30 ”g (jeunes) jusqu’Ă 100 ”g (adultes).
Combien faut-il de biotine par jour ?
Nous manquons Ă ce jour de donnĂ©es suffisantes pour estimer les besoins rĂ©els. De fait, la biotine ne dispose pas encore ni d’ANC (Apports Nutritionnels ConseillĂ©s) en France, ni de RDA (Recommended Dietary Allowance) aux Etats-Unis. Cela signifie que l’on ne peut faire que des estimations et au mieux, se baser sur d’autres indications, comme les AJR (Apports Journaliers ConseillĂ©s), mais qui sont dĂ©passĂ©s et sont en cours d’harmonisation au niveau europĂ©en pour devenir les VNR (Valeurs Nutritionnelles de RĂ©fĂ©rence).
Si on se base donc sur les VNR de la biotine, il faudrait 50 ”g de biotine par jour (en France, Ă l’heure actuelle, les AJR sont de l’ordre de 15 Ă 30 ”g). Certains scientifiques, comme ceux de la Mayo Clinic (une fĂ©dĂ©ration hospitalo-universitaire et de recherche amĂ©ricaine de rĂ©putation mondiale), prĂ©conisent, eux, une dose quotidienne de 100 ”g pour les adultes.Â
Il ne faut pas oublier que les VNR sont une valeur moyenne qui vaut pour toute la population, alors que les ANC sont eux calculĂ©s en fonction des types de populations : hommes, femmes, femmes enceintes, enfants, sportifsâŠ
Dans quels aliments trouve-t-on de la biotine ?
La vitamine B8 est prĂ©sente dans un grand nombre dâaliments, mais souvent en faibles quantitĂ©s. Les meilleures sources comprennent : le foie, les Ćufs, le poisson et la viande, la patate douce, les lĂ©gumineuses (lentilles, etc.), les noix, la levure de biĂšre, les grains entiers, etc.
Pour qui mange rĂ©guliĂšrement de ces aliments, aucune carence n’est Ă craindre.

Attention, contrairement Ă certaines idĂ©es reçues, la banane nâest pas une trĂšs bonne source de biotine. Elle n’apporte en effet que 1,33 mcg de biotine en moyenne, et il en faudrait donc plus de 40 pour atteindre les VNR.
Dans quels cas craindre une carence ?
Il nâexiste Ă ce jour que 4 cas particuliers qui peuvent induire des carences sĂ©vĂšres :
- Certaines thĂ©rapies Ă©pileptiques (en particulier celles Ă base de primidone, carbamazĂ©pine, phĂ©nytoine et phĂ©nobarbital). Si c’est votre cas, renseignez-vous auprĂšs de votre mĂ©decin et envisagez une complĂ©mentation appropriĂ©e.
- L’alcool, et Ă fortiori l’alcoolisme.
- Les personnes consommant beaucoup de blancs d’Ćufs sans les jaunes, encore plus si ceux-ci sont crus.
- Certaines mutations gĂ©nĂ©tiques trĂšs rares qui touchent la biotinidase (une enzyme nĂ©cessaire au mĂ©tabolisme de la biotine). Ces mutations peuvent entrainer des consĂ©quences neurologiques graves, des crises d’Ă©pilepsie, de l’ataxie et un retard mental.
Et si je mange des blancs d’Ćufs, sans les jaunes, mais cuits ?
Le blanc d’Ćuf est riche en avidine, un anti-nutriment qui se lie Ă la biotine et la rend alors inassimilable. Le dĂ©ficit en biotine a d’ailleurs Ă©tĂ© d’abord mis en Ă©vidence chez les bodybuilders qui consommaient beaucoup de blancs crus. Ce syndrome a mĂȘme eu un nom : le “egg white injury”. On pourrait croire qu’en cuisant le blanc, les problĂšmes seraient rĂ©glĂ©s, mais il s’avĂšre que l’avidine est assez rĂ©sistante Ă la chaleur, et que mĂȘme cuit, une partie de son action reste intacte.
Une Ă©tude a estimĂ© l’activitĂ© rĂ©siduelle de l’avidine dans des Ćufs frits, pochĂ©s et bouillis Ă respectivement 33%, 71% et 40%, ce qui est assez consĂ©quent. Un dĂ©ficit (mĂȘme ponctuel) n’est donc pas Ă exclure chez les personnes consommant beaucoup de blancs en jetant les jaunes, ou se servant de blancs d’Ćufs en poudre pour des “recettes santĂ©” diverses.
Veillez donc Ă vos apports en mangeant des aliments riches en biotine, Ă©vitez l’excĂšs d’anti-nutriments comme l’avidine des blancs dâĆufs consommĂ©s sans le jaune, et dans le doute cuisez vos blancs longtemps Ă haute tempĂ©rature pour en minimiser l’interaction.
Références
https://www.mayoclinic.org/drmcgs-supplements/biotin-oral-route/description/drg-20062359
Krause KH, et al. Biotin status of epileptics. Ann N Y Acad Sci. (1985)
Staggs CG, et al. Determination of the biotin content of select foods using accurate and sensitive HPLC/avidin binding. Journal of food composition and analysis: an official publication of the United Nations University, International Network of Food Data Systems. (2004)
Kou Hayakawa et al. Wide Range of Biotin (Vitamin H) Content in Foodstuffs and Powdered Milks as Assessed by High-performance Affinity Chromatography. Clin Pediatr Endocrinol. (2009)
T.D.Durance, et al. Kinetics of thermal inactivation of avidin. Food Research International. (1992)
MartıÌnGonzĂĄlez, et al. Extremely high thermal stability of streptavidin and avidin upon biotin binding. Biomolecular Engineering. (1999)
T. D. Durance. Residual Avid in Activity in Cooked Egg White Assayed with Improved Sensitivity. Journal of Food Science. (1991)
Nisenson A. Seborrheic dermatitis of infants: treatment with biotin injections for the nursing mother. Pediatrics. (1969)
Wolf B. Biotinidase deficiency: “if you have to have an inherited metabolic disease, this is the one to have”. Genet Med. (2012)
Cowan TM1, et al. Working Group of the American College of Medical Genetics Laboratory Quality Assurance Committee. Technical standards and guidelines for the diagnosis of biotinidase deficiency. Genet Med. (2010)
Mock DM1. Skin manifestations of biotin deficiency. Semin Dermatol. (1991)
Gschwandtner M1, et al. Histamine suppresses epidermal keratinocyte differentiation and impairs skin barrier function in a human skin model. Allergy. (2013)
Zempleni J1, Hassan YI, Wijeratne SS. Biotin and biotinidase deficiency. Expert Rev Endocrinol Metab. (2008)
Korkmazer N1, et al. Serum and liver tissue biotinidase enzyme activity in rats which were administrated to valproic acid. Brain Dev. (2006)
Colombo VE, et al. Treatment of brittle fingernails and onychoschizia with biotin: scanning electron microscopy. J Am Acad Dermatol. (1990)
Said HM1, et al. Chronic ethanol feeding and acute ethanol exposure in vitro: effect on intestinal transport of biotin. Am J Clin Nutr. (1990)
Bonjour JP. Vitamins and alcoholism. V. Riboflavin, VI. Niacin, VII. Pantothenic acid, and VIII. Biotin. Int J Vitam Nutr Res. (1980)