
ProtĂ©ine la plus abondante dans le corps humain, le collagĂšne est lâune des stars des complĂ©ments alimentaires depuis quelques annĂ©es. Il est prĂ©sent dans les os, la peau, les tendons, le cartilage et dans tous les tissus conjonctifs en gĂ©nĂ©ral. Il nâest donc pas Ă©tonnant que son rĂŽle soit central dans la bonne santĂ© de ces derniers, et que les effets dâune supplĂ©mentation soient de plus en plus Ă©tudiĂ©s ces derniers temps. Alors est-ce que le succĂšs du collagĂšne est soutenu par des preuves scientifiques solides ? Faisons le point sur les connaissances les plus rĂ©centes.
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Le collagÚne, un allié du confort articulaire
Le cartilage, fragile et indispensable
Le cartilage est un tissu dont la fonction consiste essentiellement Ă transmettre et rĂ©partir les charges lorsque les articulations sont sollicitĂ©es. Il joue en quelque sorte le rĂŽle dâun roulement Ă billes et dâun amortisseur entre les extrĂ©mitĂ©s osseuses, accompagnant chacun de nos efforts et mouvements.
Les cellules de cartilage, appelĂ©es les chondrocytes, sont enchĂąssĂ©es dans une matrice extracellulaire formĂ©e principalement de fibres de collagĂšne. Le problĂšme est que le cartilage se rĂ©gĂ©nĂšre difficilement car il nâest pas vascularisĂ© ni innervĂ©.
Notre capital cartilagineux est donc fragile et il est malheureusement la cible de nombreuses pathologies, Ă commencer par lâarthrose et la polyarthrite rhumatoĂŻde.
Il est donc normal que cela ait Ă©tĂ© lâune des premiĂšres applications Ă©tudiĂ©es pour la supplĂ©mentation de collagĂšne.
Des Ă©tudes Ă lâappui
Dans une Ă©tude randomisĂ©e en double aveugle de 20161, 164 adultes souffrant dâarthrose du genou ont pris quotidiennement pendant 6 mois soit du collagĂšne (40 mg dâUC-II), soit un complexe de glucosamine et de chondroĂŻtine, soit un placebo.
La prise de collagĂšne a Ă©tĂ© bien plus efficace que le placebo pour amĂ©liorer les symptĂŽmes de lâarthrose, et mĂȘme que le complexe glucosamine-chondroĂŻtine sur les critĂšres de douleur et de capacitĂ© fonctionnelle.
Les autres travaux disponibles à ce jour suggÚrent que le collagÚne agirait sur ces maladies articulaires en réduisant la production de molécules pro-inflammatoires et la dégradation du collagÚne.
Quâen est-il du collagĂšne hydrolysĂ© ?
Une revue de 20062 avait trouvĂ© que le collagĂšne hydrolysĂ© Ă©tait plus efficace quâun placebo pour augmenter la synthĂšse de collagĂšne dans les articulations.
Des preuves mĂ©canistiques qui ont ensuite commencĂ© Ă ĂȘtre validĂ©es par des Ă©tudes dâintervention. Comme cette Ă©tude de 20093, oĂč 250 patients souffrant dâarthrose du genou avaient pris 10 g de collagĂšne hydrolysĂ© par jour, avec une rĂ©duction des douleurs Ă la fin des 6 mois.
En 2014, une Ă©quipe chinoise de lâUniversitĂ© Jiao-tong de Shanghai avait conclu que la prise quotidienne de 8 g de peptides de collagĂšne pendant 6 mois par des femmes ĂągĂ©es de 40 Ă 70 ans, pourrait aboutir Ă lâamĂ©lioration significative dâun certain nombre de paramĂštres liĂ©s Ă lâarthrose du genou tels que douleur, raideur et capacitĂ© fonctionnelle4.
Et pour les articulations des sportifs ?
CollagĂšne et douleurs aux genoux
Est-ce que les sportifs qui ne souffrent pas dâune pathologie particuliĂšre, mais qui sollicitent beaucoup leurs articulations, peuvent aussi bĂ©nĂ©ficier de la prise de collagĂšne ?
Les Ă©quipes de lâUniversitĂ© de Fribourg ont rĂ©alisĂ© plusieurs travaux sur le sujet. En 2017, une Ă©tude clinique5 a fait prendre quotidiennement Ă des athlĂštes souffrant de douleurs aux genoux soit 5 g de peptides de collagĂšne, soit un placebo, pendant 12 semaines.
Le groupe collagĂšne a bĂ©nĂ©ficiĂ© dâune rĂ©duction des douleurs Ă lâeffort Ă la fin de cette pĂ©riode comparĂ© au placebo.
CollagÚne et mobilité de la cheville
LâannĂ©e suivante, les mĂȘmes chercheurs ont voulu tester cette fois-ci lâeffet sur la mobilitĂ© de la cheville6.
Pendant 6 mois, 50 athlĂštes souffrant dâinstabilitĂ© chronique de cheville (suite Ă une entorse) ont pris quotidiennement 5 g de peptides de collagĂšne ou 5 g dâun placebo.
Les résultats suggÚrent une diminution des entorses de la cheville avec le collagÚne en améliorant la stabilité de celle-ci.
CollagĂšne et tendinite du tendon dâAchille
Enfin en 2019, une Ă©tude australienne7 a cette fois-ci voulu observer les effets sur la tendinite du tendon d’Achille.
20 personnes souffrant de cette pathologie ont été réparties en 2 groupes pour une durée de 6 mois :
- pendant les 3 premiers mois, le premier groupe prenait 2,5 g de peptides de collagĂšne par jour et le second un placebo,
- pour les 3 mois suivants, les groupes ont été inversés, le premier prenant le placebo et le deuxiÚme le collagÚne.
Pendant toute la durĂ©e de lâĂ©tude, les participants ont suivi en parallĂšle un programme de musculation des mollets et de running destinĂ© Ă amĂ©liorer leur tendinite.
Les résultats montrent que la prise de collagÚne a accéléré les bénéfices de ce programme et la réduction des symptÎmes chez les 2 groupes pendant leur phase de prise du supplément.
A retenir
Les études disponibles suggÚrent donc bien une réduction des douleurs articulaires et une amélioration des capacités fonctionnelles avec une supplémentation en peptides de collagÚne.
Le collagÚne est un facteur clé de la qualité de la peau
Derme, épiderme et hypoderme
AprĂšs la santĂ© des articulations, lâautre grand champ de recherche sur la supplĂ©mentation en collagĂšne ces derniĂšres annĂ©es porte sur ses effets sur la peau.
Cette derniÚre est composée de 3 couches :
- le derme
- lâĂ©piderme
- lâhypoderme
LâĂ©piderme est la couche externe qui protĂšge contre les agressions externes et se renouvelle rĂ©guliĂšrement, lâhypoderme contient plus ou moins de tissu adipeux, et le derme est un tissu conjonctif riche qui fait le lien entre les deux.

Un derme qui sâaffine, et les rides qui apparaissent
Avec le temps, le derme sâaffine : la concentration en collagĂšne diminue et les fibres restantes se dĂ©gradent, tout comme les protĂ©ines dâĂ©lastine, et la quantitĂ© dâacide hyaluronique baisse Ă©galement.
Toutes ces causes entraĂźnent une perte dâĂ©lasticitĂ© de la peau et un affaissement de lâĂ©piderme qui provoque lâapparition des rides. Le temps nâest dâailleurs par le seul facteur : le photovieillissement, causĂ© par un excĂšs dâexposition au soleil, a les mĂȘmes consĂ©quences.
Câest pour cette raison que lâexposition aux rayons UV est utilisĂ©e pour Ă©tudier le vieillissement de la peau.
CollagĂšne et rides
Dans une Ă©tude corĂ©enne de 20188, un groupe de femmes ĂągĂ©es de 40 Ă 60 ans, ayant toutes des rides au contour des yeux (pattes d’oie), diagnostiquĂ©es par un dermatologiste, ont pris pendant 12 semaines un supplĂ©ment contenant soit 1 g de peptides de collagĂšne, soit un placebo.
ComparĂ©es au groupe placebo, les participantes du groupe collagĂšne ont vu une baisse de 13% du score visuel de leurs rides, avec une amĂ©lioration significative de critĂšres dâhydratation et dâĂ©lasticitĂ©.
Dâautres chercheurs corĂ©ens ont rĂ©alisĂ© une Ă©tude plus rĂ©cente9 sur le mĂȘme modĂšle avec des participants ayant la peau sĂšche ou des rides sur le contour de lâĆil. La prise de peptides de collagĂšne a amĂ©liorĂ© lâhydratation de la peau et sa fonction barriĂšre.
Des chercheurs brĂ©siliens ont synthĂ©tisĂ© les travaux sur ce sujet en 2021 dans une mĂ©ta-analyse10, et ont conclu quâune supplĂ©mentation en peptides de collagĂšne avait des rĂ©sultats positifs par rapport Ă un placebo sur lâhydratation et lâĂ©lasticitĂ© de la peau, et sur lâapparence des rides. RĂ©sultats qui apparaissent en moyenne entre 60 et 90 jours aprĂšs le dĂ©but de la supplĂ©mentation.
Des effets également sur la cellulite ?
Enfin, la cellulite a aussi bénéficié de quelques travaux.
Lâaspect peau dâorange rĂ©sulte du stockage des graisses dans la peau de certaines rĂ©gions corporelles des femmes en particulier.
La prise de 2,5 g par jour de peptides de collagĂšne pendant 6 mois a permis une amĂ©lioration de la texture de la peau chez un groupe de femmes ĂągĂ©es de 24 Ă 50 ans11. Des travaux qui demandent Ă ĂȘtre confirmĂ©s par dâautres Ă©tudes dans le futur.
Une augmentation de la masse maigre
Musculation et fibres musculaires
Lorsque lâon pratique un sport type musculation, il y a un phĂ©nomĂšne dâadaptation des fibres musculaires qui rĂ©sulte en leur croissance et leur hypertrophie, mais Ă©galement du tissu conjonctif soutenant ces fibres musculaires comme les ligaments, les tendons et la matrice extracellulaire.
Le collagĂšne est pauvre en acides aminĂ©s essentiels, mais Ă©tant une protĂ©ine structurante de ce tissu conjonctif, il est lĂ©gitime de sâinterroger sur lâintĂ©rĂȘt dâune supplĂ©mentation en parallĂšle dâun entraĂźnement en rĂ©sistance.
Un groupe de jeunes sportifs a pris pendant 12 semaines soit 15 g de collagĂšne hydrolysĂ© par jour, soit un placebo, en parallĂšle dâun entraĂźnement de musculation12.
Le groupe collagĂšne a vu une augmentation significative de sa masse maigre Ă la fin de lâĂ©tude, sans diffĂ©rence sur la taille des fibres musculaires. Mais les mĂ©thodes de mesure utilisĂ©es ne permettent pas de distinguer si cette augmentation est majoritairement due Ă de lâeau ou Ă une croissance des tissus conjonctifs.
Un intĂ©rĂȘt pour les seniors ?
Une autre catégorie de la population pourrait bénéficier de ces effets : les seniors.
En effet, la sarcopĂ©nie, cette perte de masse musculaire qui sâaccĂ©lĂšre avec lâĂąge, est un enjeu majeur de santĂ© publique.
En 201513, un groupe de 53 hommes de 72 ans en moyenne ont suivi pendant 3 mois un entraĂźnement en rĂ©sistance en parallĂšle de la prise quotidienne de 15 g de collagĂšne (ou dâun placebo).
Les deux groupes ont vu une augmentation de leur masse maigre et de leur force musculaire, mais de maniĂšre plus importante pour le groupe collagĂšne.
Ă lâavenir, il sera intĂ©ressant dâavoir des travaux comparant les effets de diffĂ©rentes sources de protĂ©ines pour avoir une vision globale des spĂ©cificitĂ©s de chacune.
Un potentiel pour la santé osseuse
Un autre problÚme de santé majeur lié au vieillissement est la diminution de la densité minérale osseuse.
Les tissus osseux subissent un remodelage continu, étant en permanence détruits et reconstruits. Et la nutrition joue un rÎle fondamental dans ce processus pour lui apporter les bonnes briques.
On sait par exemple depuis longtemps que la vitamine D participe Ă la santĂ© osseuse en aidant lâabsorption du calcium au niveau intestinal. Ou quâune alimentation suffisamment riche en protĂ©ines semble prĂ©server la masse osseuse pendant une perte de poids14.
Le mĂ©canisme dâaction du collagĂšne sur la matrice osseuse nâest pas encore complĂštement identifiĂ©, mais quelques Ă©tudes cliniques ont commencĂ© Ă mettre en avant ses effets positifs.
Dans une étude allemande15, la prise de 5 g de peptides de collagÚne pendant 1 an permettrait de préserver la densité minérale osseuse du col fémoral et des vertÚbres chez les femmes ménopausées.
Dans une autre Ă©tude, lâajout de 5 g de peptides de collagĂšne par jour Ă une supplĂ©mentation en vitamine D et en calcium pendant 12 mois a amĂ©liorĂ© plusieurs critĂšres de santĂ© osseuse chez des femmes mĂ©nopausĂ©es16.
Dâautres Ă©tudes seront donc nĂ©cessaires pour confirmer ces effets dans dâautres populations.
Dâautres bĂ©nĂ©fices qui restent Ă prouver
En dehors de ces 4 thématiques, les études en sont encore au stade in vitro ou de tests sur les animaux.
Les effets sur le systĂšme immunitaire, en particulier en cas dâarthrose ou de rhumatisme, sont par exemple une piste intĂ©ressante mais nâont fait lâobjet que de travaux sur des souris jusquâĂ prĂ©sent17,18,19.
Le collagĂšne bĂ©nĂ©ficie dâune recherche trĂšs active ces derniĂšres annĂ©es et les preuves sâaccumulent sur son intĂ©rĂȘt en particulier pour deux problĂ©matiques : le confort articulaire et la qualitĂ© de la peau.
Pour rĂ©duire les symptĂŽmes de lâarthrose ou faciliter la rĂ©cupĂ©ration dâune blessure articulaire chez des sportifs, la prise de peptides de collagĂšne semble avoir des effets bĂ©nĂ©fiques.
De mĂȘme, les preuves sâaccumulent sur les effets dâune supplĂ©mentation sur lâhydratation et lâĂ©lasticitĂ© de la peau, et sur lâapparence des rides.
La prise de collagÚne semble également une piste intéressante pour deux autres problématiques, la préservation de la masse maigre et la santé osseuse, pour des populations spécifiques (seniors, femmes ménopausées).
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