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Traitement de l’arthrose : la chondroïtine comme solution ?
L’arthrose est une maladie chronique affectant les articulations, et qui peut survenir avec l’âge. S’il est compliqué d’en guérir, il existe a priori des moyens pour la prévenir ou la soulager, ce qui peut être une piste pour aider à mieux vieillir. A ce titre, la chondroïtine est l’une des molécules les plus connues pour lutter contre les symptômes de l’arthrose. Une étude récente a voulu comparer ses effets face à un médicament couramment utilisé dans cette pathologie. Analysons en détail ses résultats et les conclusions que nous pouvons en tirer.
Par Benjamin Dariouch, Journaliste scientifique & consultant en nutrition
Publié le 26 septembre 2023, mis à jour le 6 octobre 2024
L’arthrose : une maladie du quotidien
L’arthrose, de quoi s’agit-il ?
L’arthrose est une maladie chronique qui affecte les articulations, en particulier les articulations qui supportent le poids corporel, telles que les genoux, les hanches, la colonne vertébrale et les mains. Elle se caractérise par la dégradation progressive du cartilage qui recouvre les extrémités osseuses de l’articulation, ce qui peut entraîner une douleur, une raideur et une diminution de la mobilité articulaire.
Le cartilage est un tissu conjonctif élastique et résistant qui agit comme un coussin entre les os des articulations. Lorsque le cartilage se dégrade, les os peuvent frotter directement les uns contre les autres, ce qui provoque des douleurs et des inflammations.
L’arthrose peut survenir avec l’âge, en raison d’une usure naturelle des articulations, mais elle peut également être causée par des facteurs tels que l’obésité, des blessures articulaires antérieures, des troubles métaboliques, des anomalies structurelles des articulations, des troubles génétiques et des troubles hormonaux.
L’arthrose, une cause de handicap locomoteur majeur
Longtemps considérée comme une maladie irrémédiable et sans réel traitement, l’arthrose bénéficie ces dernières années d’une recherche plus soutenue au sein des maladies ostéoarticulaires. Rien d’étonnant avec un nombre croissant de personnes touchées.
En effet, si la polyarthrite rhumatoïde est la pathologie vedette de la rhumatologie, celle-ci ne concerne « que » 300.000 personnes en France, avec une prévalence estimée entre 8 et 15% par l’INSERM.
Mais si on regarde dans le détail, l’arthrose est la première cause de handicap locomoteur chez les plus de 65 ans, avec une prévalence de 65% dans cette tranche d’âge, soit jusqu’à 10 millions de personnes concernées en France.
La sévérité de cette maladie est illustrée par le nombre de remplacements prothétiques : 100.000 prothèses de genou posées en France en 2018.
Avec l’augmentation de l’obésité et l’allongement de l’espérance de vie, ces chiffres risquent de croître de manière continue ces prochaines années.
Malgré l’immense marché que cette pathologie représente pour les laboratoires, l’arsenal thérapeutique n’a guère évolué depuis des années. La chondroïtine reste l’une des molécules les plus utilisées dans ce cadre.
Traitement de l’arthrose : quelles solutions ?
Le sulfate de chondroïtine : des effets prometteurs sur l’arthrose
Le sulfate de chondroïtine est un composant de la matrice du cartilage qui lui donne sa résistance à la pression.
Sa supplémentation a montré des effets prometteurs pour réduire les douleurs et améliorer les capacités fonctionnelles dans l’arthrose du genou, comme synthétisé dans une revue Cochrane de 20151, qui concluait que :
- La chondroïtine pourrait légèrement réduire les douleurs à court terme (moins de 6 mois).
- Elle réduit les douleurs au genou de 20% chez légèrement plus de personnes que le placebo.
- Elle améliore probablement légèrement la qualité de vie, telle que mesurée par l’indice de Lequesne (une mesure combinée des douleurs, du fonctionnement et des incapacités).
- La chondroïtine ralentit légèrement le rétrécissement de l’espace articulaire de l’articulation affectée observée aux rayons X.
Des preuves mécanistiques2,3 suggèrent qu’elle pourrait même ralentir la progression de l’arthrose.
Mais cette efficacité ne fait pas encore l’objet d’un consensus total, et certains chercheurs ont suggéré que le problème était la qualité insuffisante de la chondroïtine utilisée dans les précédents travaux4, et le manque de mesures objectives comme un IRM.
Traitement de l’arthrose : une nouvelle étude pour démontrer l’efficacité de la chondroïtine
Pour répondre à ces problèmes de qualité des précédents travaux, des chercheurs québécois ont publié une étude clinique randomisée en double aveugle en 20165.
Y ont participé 194 personnes, hommes et femmes de 61 ans en moyenne, souffrant d’arthrose du genou diagnostiquée selon les critères de l’American College of Rheumatology, ainsi que de synovite, une inflammation du tissu conjonctif autour du genou.
Le rétrécissement de l’espace de leurs articulations était visible aux rayons X, indiquant bien une dégradation de celles-ci. Globalement, ces participants avaient une arthrose modérée, avec des symptômes clairs.
Pour l’étude, ils ont été répartis en deux groupes pendant 24 mois :
- L’un a pris quotidiennement 1.200 mg de sulfate de chondroïtine de qualité pharmaceutique,
- L’autre 200 mg de célécoxib, un médicament anti-inflammatoire non stéroïdien utilisé essentiellement dans le traitement symptomatique d’affections rhumatismales.
Les chercheurs ont précisé que cette quantité de chondroïtine est la plus importante et la plus courante utilisée quand cet actif est pris seul.
Les résultats de l’étude sur la chondroïtine et le traitement de l’arthrose
A la fin des 24 mois, l’IRM a montré une perte équivalente de cartilage dans la partie latérale du genou dans les deux groupes, d’environ 4%.
Dans la partie médiane du genou, le groupe chondroïtine a eu de meilleurs résultats avec une perte de 6,1% vs 8,1% pour le groupe célécoxib.
Mais surtout, les chercheurs ont noté une différence intéressante sur la bourse suprapatellaire, une poche de liquide synovial au-dessus de la rotule qui protège l’articulation des pressions.
Une légère augmentation de l’épaisseur médiale de cette bourse a été observée dans le groupe chondroïtine, correspondant à la réduction de la perte de cartilage de la partie médiane du genou.
Que nous dit réellement cette étude sur la chondroïtine et le traitement de l’arthrose ?
Cette étude indique que globalement, la chondroïtine donne des résultats assez proches du célécoxib, avec un petit avantage sur quelques critères.
Comme il n’y avait pas de groupe placebo, la question est donc de savoir quelle est l’efficacité du célécoxib en tant que tel. Même si les données sont là aussi imparfaites, une revue Cochrane de 20176 précise que :
Les données probantes actuelles indiquent que le célécoxib est légèrement plus efficace que le placebo et certains AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) pour réduire la douleur et améliorer la fonction physique.
Avoir des résultats similaires et même meilleurs avec la chondroïtine est donc vraiment prometteur.
Bien sûr, de futurs travaux devront aussi inclure un groupe placebo et analyser le cartilage sur l’ensemble du genou pour apporter des preuves supplémentaires.
Le saviez-vous ?
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En conclusion, les données actuelles, bien que peu nombreuses, suggèrent que la chondroïtine serait capable de ralentir la perte de cartilage et le rétrécissement de l’interligne (espace) articulaire.
Comment la chondroïtine agirait-elle ?
Du point de vue mécanistique, une hypothèse serait que la chondroïtine restaurerait la matrice extracellulaire du cartilage, ce qui ralentirait sa dégradation7. Cela fait sens, étant donné que la chondroïtine est une composante clé du cartilage.
Une autre possibilité est l’effet du sulfate8. En effet, la chondroïtine est essentiellement donnée sous forme de sulfate de chondroïtine. Or les acides aminés soufrés sont connus pour participer à la synthèse de la matrice extracellulaire du cartilage, ce qui a amené certains chercheurs à suggérer une action positive spécifique du sulfate.
Enfin, une dernière hypothèse serait une action anti-inflammatoire qui ralentirait la synovite, l’inflammation de la membrane synoviale9.
D’autres molécules ont également montré leur intérêt ces dernières années, comme la glucosamine, l’extrait d’Harpagophytum ou la curcumine, pour améliorer certains symptômes de l’arthrose.
La meilleure stratégie consiste certainement à utiliser une combinaison de ces différents actifs pour de meilleurs résultats.
FAQ : Traitement de l’arthrose et chondroïtine
Qu’est-ce que l’arthrose ?
L’arthrose est une maladie chronique qui affecte les articulations, en particulier les genoux, les hanches, la colonne vertébrale et les mains. Elle peut souvent survenir avec l’âge, où on observe la dégradation progressive du cartilage, ce qui entraîne douleur, raideur et diminution de la mobilité articulaire.
Qu’est-ce que la chondroïtine ?
La chondroïtine est un glycosaminoglycane, un type de molécule qui est un composant clé de la matrice extracellulaire du cartilage. Elle aide à maintenir la résistance et l’élasticité du cartilage en piégeant l’eau et les nutriments à l’intérieur de la matrice, ce qui permet de maintenir l’intégrité de la structure cartilagineuse.
Comment la chondroïtine agirait-elle sur le traitement de l’arthrose ?
La première hypothèse serait que la chondroïtine restaurerait la matrice extracellulaire du cartilage, ce qui ralentirait sa dégradation. Une autre possibilité est l’effet du sulfate dans le sulfate de chondroïtine (la forme la plus courante), car les acides aminés soufrés sont connus pour participer à la synthèse de la matrice extracellulaire du cartilage. La dernière hypothèse serait une action anti-inflammatoire qui ralentirait la synovite (l’inflammation de la membrane synoviale).
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