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Quelles boissons consommer quand on est enceinte ?
La boisson constitue un aliment à part entière. C’est sans doute encore plus le cas quand on est enceinte, étant donné que pour la santé de bébé, on doit alors faire attention à tout ce qui passe par le ventre de la maman. Quelles boissons consommer pendant la grossesse ? Les sodas sont-ils à éviter ? Le type de sucre (naturel ou aspartame) joue-t-il un rôle ? Quelques éléments de réponse.
Par Patrick, Co-fondateur de nutriting et expert en nutrition
Publié le 2 octobre 2023, mis à jour le 17 octobre 2023
Boisson pour femme enceinte : que peut-on consommer ?
Pendant la grossesse, il est important de faire attention à ce que l’on boit, car certains liquides peuvent être nuisibles pour la santé de la mère et du fœtus.
L’eau : la boisson privilégiée pendant la grossesse
L’eau est l’une des meilleures boissons pour les femmes enceintes. L’eau est essentielle pour aider à transporter les nutriments vers le fœtus, pour éliminer les déchets et pour maintenir une température corporelle saine pour la mère et le fœtus.
De plus, boire suffisamment d’eau peut aider à prévenir la constipation et les infections urinaires, qui sont des problèmes de santé courants pendant la grossesse. L’eau peut également aider à prévenir les nausées matinales.
Nous recommandons de boire au moins 8 à 10 verres d’eau par jour pour rester bien hydratée.
Il est important de noter que certaines femmes enceintes peuvent avoir besoin de boire plus d’eau que la quantité recommandée en fonction de leur poids, de leur niveau d’activité physique et de leur environnement. Par exemple, si une femme enceinte fait de l’exercice régulièrement ou s’il fait chaud et humide, elle peut avoir besoin de boire plus d’eau pour rester bien hydratée.
Le café : une boisson à limiter pendant la grossesse
La consommation de caféine pendant la grossesse est un sujet de débat, mais la plupart des experts recommandent de limiter sa consommation pendant la grossesse.
En effet, la caféine est un stimulant qui peut traverser le placenta et atteindre le fœtus. Elle peut augmenter le rythme cardiaque et les mouvements du fœtus, ce qui peut être préoccupant.
Certaines instances de santé recommandent de limiter la consommation de caféine toutes sources confondues à moins de 200 mg par jour pendant la grossesse : c’est notamment le cas de l’EFSA1, et du Collège américain de gynécologie-obstétrique.
Il est en effet important de noter que d’autres boissons et aliments peuvent également contenir de la caféine, comme le thé, les boissons gazeuses, le chocolat et certains médicaments.
Il est admis que des doses importantes de caféine sont liées à de nombreux soucis pour la grossesse et la santé du fœtus, en augmentant le risque d’avortements spontanés, de mortinatalité, du faible poids de naissance2,3,4, et même de surpoids et d’obésité à l’âge adulte5.
Bien que certains professionnels de santé plaident pour une consommation modérée sans danger, les études sur le sujet ne montrent pas avec suffisamment de confiance qu’il existerait une dose seuil en deçà duquel il n’existerait pas de risque6.
Par principe de précaution, nous recommandons plutôt pour l’heure de limiter la consommation de café au strict minimum pendant la grossesse.
Dans tous les cas, il est important de discuter de toute consommation de caféine avec un professionnel de la santé pour déterminer ce qui est approprié pour chaque cas individuel.
Le thé : une boisson à modérer pendant la grossesse
Le thé, qu’il soit noir, vert ou blanc, contient de la caféine : elle est nommée théine dans le cas du thé, mais il s’agit de la même molécule.
La question est donc la même que précédemment, même si une tasse de thé contient en moyenne moins de caféine qu’une tasse de café filtre. En effet, en moyenne une tasse de thé contient 60 mg de caféine, ce qui est relativement peu, mais parfois cela peut être beaucoup plus en fonction du type de thé : c’est le véritable problème avec le thé, on ne peut jamais trop savoir car cela dépend de beaucoup de paramètres, en particulier comment il a été cultivé.
Nota : la couleur du thé ne présage pas de la quantité de caféine présent dans la boisson.
Au final, on peut imaginer que si une femme enceinte se limite à une tasse de thé par jour, cela devait aller. Mais si elle en boit deux ou trois parce qu’elle pense que le thé est bénéfique, il est possible de vite dépasser la limite de sécurité. Dans tous les cas, nous recommandons plutôt de modérer cette boisson pour une femme enceinte.
Les tisanes et rooibos : des boissons préférables pendant la grossesse
Nous recommandons donc plutôt de vous tourner vers des alternatives sans caféine : rooibos ou tisanes.
Néanmoins, il est important de noter que si certaines tisanes sont communément acceptées et considérées sans danger pendant la grossesse, comme c’est le cas pour la verveine, le tilleul, la mélisse ou la fleur d’oranger, d’autres au contraire seraient à éviter en raison notamment de leur teneur en phytooestrogène comme la sauge, la réglisse, le fenouil ou le houblon.
Dans tous les cas donc, il est recommandé de consulter un professionnel de la santé avant de consommer des herbes pour éviter toute interaction médicamenteuse ou risque pour la santé.
L’alcool : une boisson interdite pendant la grossesse
Il est recommandé d’éviter complètement la consommation d’alcool pendant la grossesse.
L’alcool peut traverser le placenta et affecter directement le développement du fœtus, ce qui peut entraîner des problèmes de santé graves, notamment le syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF).
Le SAF peut causer des anomalies congénitales, des troubles neurologiques, des problèmes de développement et des troubles du comportement chez les nourrissons et les enfants. Les effets de l’alcool sur le fœtus dépendent de la quantité d’alcool consommée, de la période de la grossesse au cours de laquelle l’alcool est consommé, et de la sensibilité individuelle de la mère et du fœtus à l’alcool.
Il n’y a pas de niveau d’alcool considéré comme sûr pendant la grossesse. Par conséquent, il est recommandé que les femmes enceintes ou qui prévoient une grossesse évitent complètement de consommer de l’alcool.
Il est important de noter que même une consommation occasionnelle ou légère d’alcool pendant la grossesse peut avoir des conséquences graves pour la santé du fœtus.
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Boisson pour femme enceinte : quels sont les risques des sodas ?
Les différents types de boissons sucrées
Il existe traditionnellement deux types de boissons sucrées :
- Les boissons contenant du sucre sous forme de glucose, fructose, ou un mélange (sous type de saccharose ou sirop de glucose-fructose par exemple).
- Les boissons contenant du sucre sous forme d’édulcorant, le plus classique et le plus utilisé étant l’aspartame.
L’aspartame est donc utilisé pour remplacer le sucre. Il a un pouvoir sucrant environ 200 fois supérieur à celui du sucre de table (saccharose), mais ne contient presque pas de calories.
Boisson et grossesse : deux études sur les boissons sucrées et le risque d’accouchement prématuré
En 2010, une étude danoise mettait en évidence une corrélation entre la consommation de boissons édulcorées contenant de l’aspartame, et le risque d’accouchement prématuré7.
Dans la foulée, l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) avait déclaré qu’aucune preuve disponible dans l’étude ne permettait d’affirmer qu’il existait un lien de causalité entre la consommation de boissons non alcoolisées contenant des édulcorants artificiels, et l’accouchement prématuré. Néanmoins, l’EFSA appelait à ce que de nouvelles recherches soient menées.
C’est aujourd’hui chose faite avec la publication d’un groupe de chercheurs suédois et norvégiens. Leur étude porte sur plus de 60.000 femmes enceintes, et observe le lien entre les accouchements prématurés et la consommation de sodas et autres boissons sucrées, selon qu’ils comportaient un édulcorant type aspartame ou pas.
L’étude révèle que les femmes qui ont bu plus d’une boisson édulcorée par jour pendant leur grossesse, ont eu 11% de risque supplémentaire d’être victimes d’un accouchement prématuré, comparativement aux femmes qui n’en boivent pas.
Mais plus étonnant, les chercheurs signalent aussi que les femmes qui ont consommé des boissons sucrées naturellement, ont également vu leur risque d’accouchement prématuré augmenter ! Mais cette fois de 25% pour une consommation supérieure à une boisson par jour8.
Boisson et grossesse : deux études à prendre néanmoins avec des pincettes
Facteurs confondants et biais méthodologiques
Ce type de résultats illustre la fragilité des études épidémiologiques observationnelles. D’une part car ce type de méthodologie ne permet que de mettre en avant des associations (appelées corrélations) : elle ne permet pratiquement pas (sauf rares exceptions) de conclure quant à la nature causale d’une relation.
Mais surtout parce que les études observationnelles sont très sensibles aux facteurs de confusions et aux biais méthodologiques. Par exemple, il est possible que les femmes qui consomment des sodas (et a fortiori c’est encore plus le cas de celles qui consommeraient des boissons gazeuses sucrées) aient par ailleurs d’autres comportements qui puissent être à risque, et qui n’ont pas été pris en compte dans l’étude.
Et sans surprise, ce fut une fois de plus le cas ici.
La contre-analyse de Carlo La Vecchia
Carlo La Vecchia, professeur agrégé d’épidémiologie notoire, ayant notamment travaillé à la Harvard School of Public Health, s’est penché sur ces deux études pour en faire une analyse critique9.
Ses conclusions concernant le sérieux de ces études et leurs conclusions sont pour le moins très critiques.
Par exemple, concernant l’étude norvégienne, voici ce qu’il note :
- Des facteurs de confusion n’ont pas été pris en compte, notamment la consommation d’alcool, qui est pourtant un facteur de risque très fort de naissances prématurées.
- Il n’existe pas de relation dose-risque linéaire entre la consommation de boissons sucrées et le risque relatif de naissances prématurées, excluant pratiquement de fait, un possible lien causal.
- L’association entre les naissances prématurées et les boissons édulcorées était encore plus fragile et moins cohérente. La tendance était non significative (p= 0.053 alors qu’il devrait être inférieur à 0.05), et il n’y avait pas de relation dose-risque linéaire (le risque redevenant nul à 2 à 3 verres par jour).
Par ailleurs, comme nous l’expliquons en détail dans notre article sur les jus de fruits, pour qu’une association repérée dans des études épidémiologiques ait une chance d’être causale, il faut qu’elle remplisse un certain nombre de critères, appelés critères de Bradford Hill, et qui sont au nombre de 9.
La Vecchia note que sur ces 9 critères, 5 ne sont pas concordants, dont l’un des plus importants : la plausibilité biologique (qui expliquerait en quoi l’aspartame pourrait provoquer des naissances prématurées).
Les conclusions de la contre-analyse de La Vecchia
Pour enfoncer le clou, il effectue une méta-analyse de ces deux études, en faisant une analyse des données des deux études combinées, afin d’avoir une puissance statistique supérieure à celle d’une seule étude.
La conclusion est sans appel : il n’y a pas de différence dans les estimations du risque pour les boissons sucrées et les boissons hypocaloriques, qui reste proche de 1, c’est-à-dire un risque quasi nul.
Ce cas d’école illustre bien l’alarmisme que peuvent faire naitre certaines études bancales. Si l’on veut faire peur sur les édulcorants, on pourra toujours trouver des études pour le faire. Et à moins d’être un expert en lecture critique d’articles médicaux, on peut facilement se faire avoir.
En dépit du nombre d’études épidémiologiques qui pointent une pseudo association entre consommation de soda et risques divers durant la grossesse (ou même après), il n’existe à ce jour aucune preuve qu’une telle consommation puisse être préjudiciable pour la santé de la mère ou celle de l’enfant, ni même aucune raison de penser que cela puisse être le cas.
Pendant la grossesse, faites donc particulièrement attention à votre consommation d’alcool (qui devrait être nulle durant cette période), de caféine (qui devrait être, au plus, très modérée) et de boissons sucrées, car ce sont des calories très facilement assimilables (ce qui peut entrainer une prise de poids trop importante qui serait alors préjudiciable pour la maman et le futur bébé).
En dehors de ces recommandations, les boissons édulcorées sans caféine ne semblent pas poser de soucis particuliers, ce que confirme d’ailleurs l’ensemble des autorités de santé internationales.
Le saviez-vous ?
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FAQ : Boisson et grossesse
Quelle boisson privilégier pendant la grossesse ?
L’eau est bien entendu l’une des meilleures boissons pour les femmes enceintes. Boire suffisamment d’eau est crucial pour une grossesse en bonne santé, et il est recommandé de boire au moins 8 à 10 verres d’eau par jour, en fonction des besoins individuels.
Peut-on consommer du thé et des tisanes pendant la grossesse ?
La consommation de tisanes ou de rooibos pendant la grossesse est autorisée, tout en sachant que certaines plantes peuvent être déconseillées : dans le doute, il est préférable d’en parler à votre médecin ou gynécologue obstétricien qui vous suit. Mais il est important de limiter la quantité de caféine que l’on peut notamment retrouver dans le thé.
Quelle boisson éviter pendant la grossesse ?
L’alcool est totalement à éviter pendant la grossesse, y compris de manière occasionnelle. En effet, l’alcool peut traverser le placenta et affecter directement le développement du fœtus, ce qui peut entraîner des problèmes graves de santé.
Les boissons contenant de la caféine sont également à limiter fortement, voire à proscrire.
Les boissons sucrées sont à modérer, en raison de leur apport calorique important qui peut mener à une prise de poids trop conséquente.
Les sodas édulcorés sans caféine ne semblent pas poser de problème particulier, mais dans tous les cas, il est important de privilégier l’eau.
- EFSA NDA Panel (EFSA Panel on Dietetic Products, Nutrition and Allergies). Scientific Opinion on the safety of caffeine. EFSA Journal. 2015
https://www.acog.org/womens-health/experts-and-stories/ask-acog/how-much-coffee-can-i-drink-while-pregnant - Greenwood DC, et al. Caffeine intake during pregnancy and adverse birth outcomes: a systematic review and dose-response meta-analysis. Eur J Epidemiol. 2014
- Li J, et al. A meta-analysis of risk of pregnancy loss and caffeine and coffee consumption during pregnancy. Int J Gynaecol Obstet. 2015
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- Jin F. Association of maternal caffeine intake during pregnancy with low birth weight, childhood overweight, and obesity: a meta-analysis of cohort studies. Int J Obes (Lond). 2021
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