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Pourquoi faut-il manger bio, local et de saison ?
Revenir à une consommation raisonnable et raisonnée, c’est non seulement agir pour la planète, mais aussi pour notre propre santé. Dans la série des bonnes pratiques alimentaires, on vous explique pourquoi, et comment améliorer concrètement vos habitudes alimentaires.
Par Patrick, Co-fondateur de nutriting et expert en nutrition
Publié le 15 février 2023, mis à jour le 17 octobre 2023
Manger bio, local et de saison : pour une consommation durable et responsable
Conséquence inéluctable de notre société de l’abondance et de la consommation exacerbée, nous oublions d’où proviennent les aliments que nous consommons, et comment ils sont arrivés dans notre supermarché et dans notre assiette. D’ailleurs, pour être honnête, la plupart du temps, cela nous arrange bien de ne pas chercher à le savoir…
Ainsi, pour une grande partie d’entre nous, il est devenu normal de trouver des tomates en toute saison, de manger de l’ananas ou de la mangue quand bon nous semble, ou encore de pouvoir consommer un fromage de chèvre en plein hiver. L’inverse serait même tout bonnement incompréhensible.
Pourtant, à chaque fois que nous ignorons le bon sens de la nature, nous dégradons un peu plus la planète et notre santé.
Mais il est toujours temps d’agir dans le sens d’une consommation durable et responsable, et ce, en apprenant à manger bio, local et de saison. Voyons pourquoi, et comment !
Pourquoi manger bio ?
Manger bio pour limiter la culture intensive, les produits chimiques et les monocultures
Un chiffre choc, mais un chiffre clé : plus d’un milliard d’hectares de terres fertiles ont été stérilisés en un siècle par l’agrochimie, soit 25% des terres cultivables planétaires. Et cela ne va pas en s’arrangeant, puisque nous perdons chaque année 225.000 hectares de terres cultivables, tandis que la population mondiale ne fait qu’augmenter.
A cette allure, il ne resterait que 3 siècles avant d’épuiser la totalité des terres cultivables dans le monde, et de finir d’en faire un désert inexploitable.
A ce sujet, le Professeur Claude Bourguignon, Directeur du Laboratoire d’analyses microbiologiques des sols (LAMS), tire la sonnette d’alarme1 :
Les sols lâchent. Ils sont en train de lâcher. PARTOUT. Il faut s’en occuper ! Ou nous risquons de voir ressurgir les famines à une échelle jamais vue auparavant dans l’histoire de l’humanité.
La faute à une culture intensive, qui épuise la terre de tous ses éléments sans lui laisser le temps de se régénérer, à des produits chimiques qui perturbent le fragile écosystème de nos sols, pourtant vital au bon développement des plantes et des arbres, et aux monocultures qui achèvent d’éroder nos terroirs.
Manger bio pour soutenir la biodiversité agricole
La diversité de nos cultures et de nos élevages est grandement menacée : selon la FAO, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, aujourd’hui 75% de la nourriture mondiale provient de seulement 12 espèces végétales, et 5 animales.
Dans son analyse sur l’agrobiodiversité2, la FAO note également que 6 races d’élevage disparaissent tous les mois, et que plus de 75% des variétés agricoles cultivées dans le monde ont disparu depuis 1900.
Le site Colibris3 nous rappelle d’ailleurs qu’une seule variété de fraises occupe 80% des surfaces mondiales consacrées à ce fruit, alors qu’il existe 1.200 variétés de fraises sur la planète !
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Pourquoi manger local ?
Manger local pour limiter une économie précaire et soutenir des emplois locaux
Selon l’analyse du Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche4, les agriculteurs cumulent :
- Un grand nombre d’heures de travail hebdomadaire (54h en moyenne) ;
- Un fort taux de pauvreté (24%) ;
- Et une rémunération très incertaine selon les années.
Manger local pour réduire la dépendance aux centrales d’achats
La grande majorité de ces paysans est dépendante des centrales d’achats, qui revendent ensuite aux grandes surfaces : ces dernières dégagent des marges de plus en plus confortables, en contraignant les paysans à produire toujours plus, au détriment de la qualité bien sûr.
Dans son “Dossier noir de la grande distribution”, l’hebdomadaire Marianne décrypte le circuit d’une laitue :
- Achetée 9 centimes d’euros pièce au paysan ;
- Elle est revendue 1,50 euros au consommateur (soit plus de 16 fois plus !) ;
- Dont 65 centimes de marge sont perçus par le seul distributeur…
Manger local pour limiter l’exploitation des paysans
Et ce n’est guerre mieux pour les produits importés : fruits tropicaux, chocolats, cafés, thés, etc. sont souvent issus de productions peu contrôlées, où les paysans sont la plupart du temps exploités.
Ainsi, dans l’exemple du chocolat, 70% de la production mondiale de cacao provient des plantations de Côte d’Ivoire et du Ghana, où le travail et l’esclavage des enfants sont malheureusement monnaie courante.
Pourquoi manger des fruits et légumes de saison ?
Manger des fruits et légumes de saison pour limiter le réchauffement climatique
Lorsque vous mangez un fruit hors saison, ou qui ne pousse pas sous nos latitudes, cela ne peut vouloir dire que deux choses : soit il a traversé une partie du globe en avion ou en bateau, soit il a poussé sous serre surchauffée, souvent en plein hiver.
Or, l’un comme l’autre sont grands consommateurs d’énergies fossiles.
Par exemple, une banane de Guadeloupe parcours près de 7.000 km avant d’arriver sur nos étals, par avion, train, camion. Dans un rapport de 20065, l’Observatoire Bruxellois de la Consommation Durable calcule qu’un seul kilo d’ananas du Ghana représente environ 5 kg de CO2 rejetés. Or, ce sont des tonnes de ces produits qui transitent tous les jours par avion cargo…
Tout cela participe dès lors au réchauffement climatique, dont les effets se font déjà sentir et qui semblent même irréversibles à présent6, ainsi qu’à la pollution de particules fines dues au diesel, qui causent des dizaines de milliers de morts prématurés en France tous les ans, comme l’explique l’Institut de Veille Sanitaire (INVS) dans un communiqué de septembre 20127.
Manger des fruits et légumes de saison pour retrouver des aliments sains
Enfin, la culture intensive requiert l’utilisation d’engrais et de pesticides, qui, comme nous l’avons vu, appauvrissent les sols, et par la même occasion, surprotègent les fruits et légumes qui développent alors moins de nutriments pour se défendre contre les agressions extérieures : ils sont en conséquence nettement moins nutritifs.
C’est notamment ce qu’a montré une récente étude menée sur les tomates biologiques8, qui sont plus riches en certains nutriments, et donc plus denses nutritionnellement.
Par ailleurs, transporter les fruits et les légumes sur de longues distances nécessitent de les cueillir bien avant maturité, ce qui signifie encore moins de nutriments et de goût, sans compter la nécessité d’appliquer des traitements chimiques ou d’irradier les aliments afin de les conserver le plus longtemps possible.
En outre, les fruits élevés dans le respect de la terre et du produit ne contiennent pas autant d’insecticides que leurs homologues de l’agriculture intensive, dont on soupçonne aujourd’hui qu’ils seraient jusqu’à 1.000 fois plus toxiques que ce qui pouvait être annoncé, selon une étude de janvier 20149, et contre lesquels plus de 1.200 médecins français lancent un appel10.
En clair, tous ces processus résultent en des aliments qui sont nettement moins denses d’un point de vue nutritionnel, ayant perdu une grande partie de leurs nutriments (vitamines, minéraux, etc.), à la fois en raison de sols déjà appauvris par l’agriculture intensive, mais aussi via les longs transports, le stockage, ou encore les traitements subis pour les conserver.
Manger des fruits et légumes de saison pour retrouver des aliments qui ont du goût
Mais finalement, la raréfaction de l’agrobiodiversité, c’est aussi l’appauvrissement du goût.
En effet, quelle différence éloquente entre les tomates que l’on retrouve toute l’année sur nos étals et qui se ressemblent toutes, et une variété ancienne cultivée dans un jardin, comme une délicieuse tomate Ananas ou une succulente Rose de Berne !
Nos conseils pour manger bio, local et de saison
Pour aller dans ce sens, voici quelques exemples d’actions concrètes que vous pouvez entreprendre :
Essayer d’éviter les hypermarchés et les grandes surfaces
Les grandes surfaces dictent les règles du jeu aux agriculteurs, en serrant grandement les prix et en faisant des marges de plus en plus grandes.
En privilégiant les producteurs locaux, vous ne contribuez plus à faire leur jeu.
Apprendre à cuisiner et à consommer les produits de saison
A ce titre, le site alimentation.gouv publie un panier de saison, avec les fruits, légumes, fromages, poissons, etc. que vous pouvez consommer chaque mois.
Vous pouvez également lire notre article sur « Comment cuisiner les légumes ? ».
Préférer les denrées les plus proches
Lorsqu’il n’y a pas de production française, vous pouvez privilégier des denrées plus proches que d’autres : par exemple, l’avocat d’Espagne plutôt que d’Israël, d’Afrique, ou d’Amérique latine.
Le cas échéant, renseignez-vous sur le parcours des aliments. En l’occurrence, un long parcours en train est beaucoup plus écologique qu’un court trajet en avion ou en camion.
Privilégier les labels équitables
Pour les denrées introuvables en France notamment (comme le café, le thé ou le chocolat, dont il serait en effet dommage de se priver), les labels équitables vous garantiront une rétribution juste au producteur local, et ils luttent contre le travail des enfants.
Privilégier les circuits courts
Faites le marché le week-end, en favorisant les producteurs locaux, et trouvez un supermarché bio avec une politique durable (certaines BioCoop et magasins bio passent au durable en signant une charte, afin de favoriser les agriculteurs dans un certain rayon).
S’inscrire à une AMAP
Les AMAP (Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) favorisent l’agriculture paysanne et biologique en mettant en contact des consommateurs avec des producteurs locaux, qui vendent ainsi directement leurs produits, sans passer par des centrales d’achat.
Acheter directement aux producteurs
Certains sites le permettent, comme l’excellente initiative www.paysan.fr (dont vous pouvez aussi lire l’interview de Patricia Juthiau sur le site Conso Globe), ou encore le Petit Producteur.
Cultiver son propre jardin
Si vous avez un petit jardin, adoptez les préceptes du potager en carré, de la culture bio, et de la permaculture.
Si ça vous intéresse, nous avons d’ailleurs écrit un article sur comment faire son potager en sol vivant.
Et si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à faire pousser quelques cultures en ville, sur vos balcons ou chez vous : certaines associations vous y aideront, comme Graine de Jardin. Vous pouvez aussi vous équiper d’un bacsac.
Pour sauver la terre et notre santé, il ne semble y avoir qu’une seule solution : adopter les préceptes du manger bio, de la biodynamie ou de l’agriculture raisonnée, et tenter de respecter au maximum le rythme naturel de nos cultures, le tout dans une approche locale, en privilégiant les circuits courts.
Manger local et de saison, c’est aussi retrouver le goût des aliments, reprendre contact avec la nature, l’origine des aliments, et avec les personnes qui nous nourrissent.
Alors concrètement, voici un rappel succinct de ce que vous pourriez faire :
- Essayez d’éviter les hypermarchés et les grandes surfaces ;
- Apprenez à cuisiner et à consommer les produits de saison ;
- Préférez les denrées les plus proches, lorsqu’il n’y a pas de production française ;
- Privilégiez les labels équitables ;
- Privilégiez les circuits courts ;
- Inscrivez-vous à une AMAP (Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) ;
- Achetez directement aux producteurs ;
- Cultivez votre propre jardin.
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FAQ : Pourquoi manger bio, local et de saison
Pourquoi manger bio ?
Manger bio permettra de limiter le recours à la culture intensive, aux produits chimiques et aux monocultures, et de soutenir la biodiversité qui est aujourd’hui menacée.
Pourquoi manger local ?
Manger local permettra de soutenir une économie et des emplois locaux, et de limiter l’exploitation des paysans (et l’esclavage des enfants), tout en limitant l’impact du réchauffement climatique lié au transport des denrées.
Pourquoi manger des fruits et légumes de saison ?
Manger des fruits et légumes de saison permettra également de limiter le réchauffement climatique en privilégiant des aliments plus proches de chez nous, et de retrouver des denrées denses d’un point de vue nutritionnel, et qui ont du goût.
Comment manger bio, local et de saison concrètement ?
Concrètement, voici quelques exemples d’actions concrètes que vous pouvez entreprendre pour manger bio, local et de saison :
- Éviter les hypermarchés et les grandes surfaces ;
- Apprendre à cuisiner et à consommer les produits de saison ;
- Choisir les denrées les plus proches, lorsqu’il n’y a pas de production française ;
- Privilégier les labels équitables ;
- Privilégier les circuits courts ;
- S’inscrire à une AMAP (Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) ;
- Acheter directement aux producteurs ;
- Cultiver son propre jardin.
- “1 MILLIARD D’HECTARES STERILISES EN UN SIECLE ? IL EST GRAND TEMPS DE SOIGNER LES SOLS !” par Lydia & Pr. Claude Bourguignon. https://www.passerelleco.info/IMG/pdf/BourguignonLastIssue.pdf
- https://www.fao.org/3/y5609e/y5609e02.htm
- https://www.colibris-lemouvement.org/passer-a-laction/agir-quotidien/manger-local-et-saison
- https://agreste.agriculture.gouv.fr/agreste-web/
- « Combien de kilomètres contient une assiette ». Observatoire bruxellois de la Consommation Durable. https://www.profacility.be/piclib/biblio/pdf_00000551FR.pdf
- « Phénomènes climatiques extrêmes : l’œuvre du réchauffement ? ». Le Monde. https://www.lemonde.fr/planete/article/2014/02/15/phenomenes-climatiques-extremes-l-uvre-du-rechauffement_4367241_3244.html
- http://www.invs.sante.fr/Espace-presse/Communiques-de-presse/2012/Effets-de-la-pollution-atmospherique-urbaine-sur-la-sante-en-France-publication-du-rapport-sur-les-9-villes-francaises-ayant-participe-a-l-etude-Aphekom
- Aurelice B. Oliveira, et al. The Impact of Organic Farming on Quality of Tomatoes Is Associated to Increased Oxidative Stress during Fruit Development. February 20, 2013. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0056354
- https://www.goodplanet.info/actualite/2014/01/31/les-pesticides-jusqua-mille-fois-plus-toxiques-quannonce-selon-une-etude/
- https://www.legeneraliste.fr/archives/1200-signatures-pour-lappel-anti-pesticides-lance-par-un-generaliste-de-limoges
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